Rien n'a changé... Pourtant tout a changé.

Il semble que le temps est venu pour moi de livrer ici un peu de ce qui est enfoui, parfois refoulé... Cette part de nous que l'on ne peut ignorer mais que l'on ne peut ni ne veux partager.
Je ne saurais expliquer pourquoi après tant et tant d'années à arpenter les salons de "Beastforum" puis ceux de "Zooville", j'éprouve aujourd'hui l'envie de m'exprimer pour la première fois.
Étrangement, une part de moi ne s'est jamais sentie légitime à le faire, alors même que cela fait intimement partie de qui je suis.

Qui suis-je ?
Ma femme aime dire avec humour que je suis en société un "droid de protocole". Ce n'est pas faux. J'ai aujourd'hui 47 ans, heureux mari et père depuis plus de 20 ans avec une assez bonne situation socio-professionnelle. Plutôt affable et plaisant, un gendre idéal, de ces fameux blanc, CIS, hétéro...bla bla bla.
Derrière la carte postale du parfait animal social coexiste un autre animal, plus primaire, plus impulsif, éminemment plus libre ! Jusque-là, rien d'exceptionnel car nous avons tous notre part d'ombre. Personne ici, je crois, ne me contredira sur ce point.
Dans ma psyché, d'aussi longtemps que je me souvienne, le sexe a toujours été une activité ludique. Un terrain d'exploration où l'on apprend à découvrir l'autre pour mieux se découvrir.

"L'autre" .... justement.
Toute ma vie s'est construite autour d'une certaine idée de normalité. Je ne l'ai jamais subie, bien au contraire. Néanmoins, depuis toujours coexiste ce besoin d'exploration, de découvertes (la genèse de mon pseudo d'ailleurs). Je me considère particulièrement chanceux lorsque j'écris ces lignes car j'ai pu, au fil des années dévoiler à mon épouse certaines de mes parts d'ombres. Pas toutes cependant, mais je crois que cela a plus à voir avec mes propres peurs et limites.
Certes, il a fallu du courage, de la patience et beaucoup de pédagogie pour en arriver là où nous en sommes aujourd'hui. Mais quel chemin de vie ! De vanille, notre couple est devenu libertaire, libertin, polyamoureux et...
Non je vous vois venir, pas zoophile.

Pourtant, c'est évidemment bel et bien cela qui m'amène à vous écrire (enfin).
Depuis que nous pouvons leur offrir un foyer, nous avons toujours partagé notre vie avec des "animaux de compagnie" (je n'aime pas ce terme). Des chats, puis des chiens, souvent les deux en même temps et toujours le même crédo : on se refuse à acheter des animaux d'élevage et l'on adopte en priorité celles et ceux dont personne ne veut.
C'est comme cela qu'Éli est entré dans nos vies. Un "bâtard" à mi chemin entre un berger allemand et un labrador. Déjà adulte lorsque la SPA nous a proposé de le rencontrer, Éli venait d'être ramassé errant aux abords d'une zone commerciale.
Avec le recul, il serait plus juste de dire que c'est lui qui nous adoptés. Et l'on ne pouvait pas résister à son charme. Non pas que ce soit un beau chien (selon les standards) mais quelle vivacité d'esprit ! Quelle affection débordante bien qu'on se découvrait tout juste. Comme s'il avait pu voir le beau en nous alors que l'on peine à le voir soi-même. J'écris "nous" mais je sais que c'est d'abord "moi" qu'il a choisi. C'était une évidence qui n'a pas échappé à ma femme d'ailleurs.Il est entré dans ma vie il y a plus de 10 ans et nous avons partagé tant de choses. Je ne listerais pas les évidences, mais je peux dire qu'il m'a surtout aidé à mieux accepter qui je suis.
Certains ici relatent comment les relations avec l'animal dont ils sont le plus proche ont évolué vers la "zoo" à l'initiative de "l'autre". Je peux témoigner que cela arrive. Si j'ai toujours eu une grande ouverture d'esprit concernant la sexualité, et que de ce point de vue là, j'ai globalement toujours eu des relations épanouies avec mes partenaires; je n'avais jamais envisagé vivre un jour une relation inter-espèces. J'ai une sexualité d'hétéro mais je me sais versatile car le sexe pour le sexe avec un autre homme m'a toujours paru concevable . C'est néanmoins Éli qui a choisi un jour d'entrouvir cette boîte de Pandore.

Dès son adoption, il était chaque jour avec moi, m'accompagnant au travail à chaque fois qu'il le pouvait (je travaille en pleine nature en zone rurale). Il était devenu l'ombre de mon ombre et je me souviens comme si c'était hier du moment où il m'a sorti de ma zone de confort. Le jour déclinait et nous étions isolés, au coeur de la nature. Je terminais mes activités avant que l'on rentre et je gardais un oeil sur mon chien qui semblait très affairé à fureter, renifler un peu partout. La nature est un extraordinaire terrain de jeux.

Quelques minutes plus tard, alors que j'étais moi-même occupé à arracher des mauvaises herbes, je sentis sa présence juste derrière. Cette fois c'était moi qu'il reniflait alors que j'étais accroupi genoux au sol. Mon pantalon, trop large, laissait entrevoir mon sillon interfessier et il y avait enfoui sa truffe.

Lorsque je me retournais, je pu voir distinctement que son pénis sortait de son fourreau et que son bassin esquissait de petits va et viens. Ce qui me surpris le plus, ce n'est pas tant ce qui venait de se passer mais le timing avec lequel cela venait de se produire. Je me souviens parfaitement que mon esprit vagabondait dans des pensées érotiques... Souvenirs agréables de nos soirées libertines.
J'étais secrètement excité et voilà qu'il me témoignait à son tour une excitation qui me semblait sans ambiguïté. L'avait-il senti ? Ou bien je me méprenais sur le signal qu'il m'envoyait ?
Ce soir là, rien de sexuel ne se produisit et je lui offrais simplement un câlin affectueux comme on en offre à son animal de compagnie. Il venait cependant de planter une graine dans mon esprit..

Durant les années qui ont suivi nul n'a jamais soupçonné l'intime secret qui nous "liait", au sens propre comme au figuré. Il était mon chien le jour et j'étais le sien la nuit. Évidemment cette graine n'a pas germé en 24h et je ne peux pas résumer 10 années de vie en quelques lignes. Je m'attarderai (peut-être) plus tard sur des anecdotes de notre sexualité mais ce n'est pas l'objet mon premier pas vers vous.

Aujourd'hui c'est un anniversaire particulier, il est parti dans mes bras, dans nos larmes il y a deux ans déjà.
"adieu mon copain, mon complice, mon amant... Adieu mon précieux ami à quatre pattes." Si depuis un nouveau compagnon aboie dans la maison, un autre merveilleux toutou devenu adulte que la vie a égratigné; il n'est pas toi et je chercherais pas à recréer ce qui n'est plus.
Je témoigne devant vous que je ne connais pas, d'une part de mon histoire que je n'avais jamais dévoilée à personne.
Ma femme connait désormais mon goût pour la zoosexualité qu'elle accepte volontiers dans nos jeux intimes car elle adore être "prise par la bête". Elle ignore cependant tout de ce qu'Éli et moi partagions réellement.
C'est, je crois, mon seul regret à ce jour.

Vu de l'extérieur, rien n'a changé....pourtant en moi tout a changé.

Merci de m'avoir lu.
 
Très belle histoire, toutes mes condoléances pour ton partenaire. Ça fait toujours vraiment plaisir de lire un peu sur la vie des autres, on se sent tout de suite moins seul. Merci pour ton partage !
 
Très belle histoire, toutes mes condoléances pour ton partenaire. Ça fait toujours vraiment plaisir de lire un peu sur la vie des autres, on se sent tout de suite moins seul. Merci pour ton partage !
C'est pour moi ce qui manque le plus sur les fils français. La loi actuelle ne permet pas de libérer la parole. Cela nous déshumanise énormément je trouve.

Du coup il me vient une question pour la modération :
Ais-je posté dans le bon sous-forum ?
 
C'est pour moi ce qui manque le plus sur les fils français. La loi actuelle ne permet pas de libérer la parole. Cela nous déshumanise énormément je trouve.

Le mot déshumanisé est parfaitement approprié, c'est très compliqué. Il n'y a pas un tabou dans le sens ou c'est impossible d'en parler, il y a un tabou dans le sens où c'est quasiment impossible pour quelqu'un d'avoir une opinion sur ce sujet. Les gens s'interdisent vraiment d'y réfléchir.
C'est impressionnant.

Même quand on y pense un chercheur risque vraiment sa carrière en fonction de ce qu'il affirme dans son étude. C'est pour ça que je suis convaincu que la stratégie ça doit être de mettre les pieds dans le plat. Que les gens s'habituent à voir ce sujet discuté et au bout d'un moment ils oseront réfléchir.

Du coup il me vient une question pour la modération :
Ais-je posté dans le bon sous-forum ?
Ici c'est pour tous les sujets sauf les rencontres.
 
Le chemin pour libérer la parole est long et sinueux.
Notre couple a beau s'épanouir dans certaines formes de libertinage, on ne s'affiche pas publiquement en tant que tels. Alors afficher un amour inconditionnel des animaux lorsque beaucoup l'assimilent à quelque chose de l'ordre de la pédophilie... Ça demande un courage immense d'être en rupture avec la société.
 
Merci pour se partage c'était très touchant à lire, et ça n'a pas du être facile à vivre de ton côté.
En espérant que cela t'as fait aussi du bien à extérioriser en quelque sorte.
 
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